Deux cercles de jeux parisiens ont été fermés mercredi, après un premier en mai, et plusieurs personnes placées en garde à vue, soupçonnées de délits financiers dont certains sont liés à des activités du "milieu", a-t-on appris de sources proches de l'enquête.
Les policiers du service central des Courses et Jeux de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) ont effectué deux opérations dans les cercles de jeux Eldo, près de la place de la République (IIIe), et Wagram (VIIe), près des Champs-Elysées. Agissant sur commission rogatoire d'un juge de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs), les policiers ont interpellé "plus d'une dizaine de personnes", dont des responsables de ces cercles, qui ont été placées en garde à vue.
L'enquête porte, selon les sources, sur des faits "à caractère financier", les cercles étant présumés "s'affranchir de la législation en vigueur". Certains de ces faits sont présumés "relever du milieu", selon ces sources, l'une d'elles évoquant à cet égard le "milieu corse".
Les parties de poker qui avaient lieu au moment de l'intervention policière ont été stoppées et les clients ont pu repartir après vérification de leurs identités, a aussi précisé l'une des sources. Les deux établissements ont aussitôt fait l'objet de fermetures administratives provisoires.
L'un des plus importants établissements de jeu parisien, le cercle Haussmann, avait été également fermé fin mai. Cette fermeture était la troisième intervenant à Paris ces trois dernières années, avec celles des cercles Concorde et de l'Industrie et du commerce.
Cinq personnes, soupçonnées d'avoir organisé des jeux de hasard de façon illicite à Haussmann, avaient été mises en examen et laissées en liberté pour "tenue de maison de jeux de hasard en bande organisée" dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en mars, avait-on précisé de source judiciaire. Le cercle Wagram est également un important cercle de jeux avec notamment une quinzaine de tables de poker.
On ignorait jeudi le lien précis entre ces différentes affaires. Selon l'une des sources, elle peut "préfigurer un grand ménage" dans les cercles de jeux parisiens.
Paris concentre l'essentiel de la quinzaine de cercles de jeux en France. Leur réputation est parfois sulfureuse comme en témoigne l'affaire du Cercle Concorde en 2008.
Roland Cassone, considéré comme l'un des "parrains" du sud de la France, avait été écroué en décembre 2008 à Marseille avant d'être libéré sous contrôle judiciaire. Les enquêteurs soupçonnaient l'établissement parisien d'avoir fonctionné "comme un casino" au profit de ses propriétaires et non comme un cercle.
Des rivalités pour la redistribution de l'argent présumé détourné avaient éclaté peu avant, selon la police, entre des clans "mafieux corses et marseillais".