Un milliard d’euros envolé : chute des gérants des casinos en ligne illégaux Crésus, Lucky 8 et consorts
Le rideau est tombé sur l’un des plus vastes réseaux de casinos en ligne illégaux jamais démantelés en France. Derrière des plateformes bien connues des joueurs français — Crésus, Jackpot Bob, Lucky 8, Casino Privé et OlympeCasino — se cachait une machine à cash estimée à près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires depuis 2021. Deux ressortissants français, installés à Chypre, sont désormais mis en examen pour leur rôle présumé dans la gestion de ces sites.
Une enquête menée par la JUNALCO
Le parquet de Paris a confirmé, vendredi 10 octobre, que les deux hommes avaient été présentés à un juge d’instruction de la JUNALCO, la juridiction nationale spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée.
Ils sont poursuivis pour plusieurs chefs d’accusation :
- exploitation de jeux d’argent et de hasard en bande organisée,
- offre illégale de jeux de casino en ligne,
- blanchiment d’argent en bande organisée,
- et publicité en faveur de sites non autorisés.
Les peines encourues vont jusqu’à dix ans d’emprisonnement et plusieurs centaines de milliers d’euros d’amende. Les deux suspects ont été placés en détention provisoire.
Crésus, un casino illégal au cœur du réseau
L’affaire trouve son origine dans les signalements de l’Autorité nationale des jeux (ANJ). L’organisme avait constaté que le site Crésus Casino, opéré depuis Curaçao et Chypre, proposait des jeux d’argent à des joueurs français sans autorisation légale.
Bien que les sociétés gérantes n’aient reçu aucun agrément ministériel, leur activité ciblait principalement la France : plus de 98 % des utilisateurs étaient français, représentant près d’un million de visites par mois.
Les mises en demeure adressées par l’ANJ étant restées sans effet, les exploitants ont contourné les blocages en créant des sites miroirs — des copies du site original, hébergées sous d’autres adresses.
🔍 Un système sophistiqué de blanchiment
Le 24 juillet 2024, le parquet avait confié l’enquête au Service central des courses et jeux (SCCJ) de la police judiciaire, appuyé par l’Office anti-cybercriminalité (OFAC).
Les investigations ont mis au jour un vaste réseau international mêlant fausses sociétés, comptes bancaires à l’étranger et flux financiers complexes.
Les enquêteurs ont identifié quatre autres plateformes illégales — Jackpot Bob, Lucky 8, Casino Privé et OlympeCasino — toutes reliées aux mêmes structures.
Des dépôts de joueurs ont été enregistrés pour 237 millions d’euros sur la seule période 2022-2023, tandis que 92,6 millions d’euros ont transité par des comptes bancaires situés en République tchèque entre février 2022 et mai 2025.
Des joueurs floués et des comptes saisis
Outre le volet financier, l’enquête révèle un préjudice direct pour les joueurs. De nombreuses victimes ont signalé l’impossibilité de retirer leurs gains, pour un montant global de plus de 200 000 euros recensés à ce jour.
Grâce à une coopération judiciaire internationale sous l’égide d’Eurojust, des perquisitions et saisies de comptes bancaires ont été menées à Chypre, où résideraient les deux principaux suspects.
Une affaire emblématique du jeu en ligne illégal
Selon la procureure de Paris Laure Beccuau, cette affaire illustre « la sophistication croissante des réseaux de jeux d’argent illégaux opérant depuis l’étranger », tout en rappelant que ces plateformes exposent les joueurs à de grands risques de fraude et d’absence de recours légal.
L’enquête se poursuit afin d’identifier tous les acteurs impliqués et de retracer les flux financiers de ce système ayant brassé des sommes colossales.

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