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la française des jeux finance le congré contre l'addiction

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Conflit d’intérêts dans l’univers du jeu

Par Jean-Pierre Martignoni-Hutin ( sociologue)

« Addict aux jeux vidéo ?, Accro au sport ? Toxico de la bouffe ? Drogué aux jeux d’argent ? » tel est le programme du congrès organisé par le centre du jeu excessif qui se déroulera à Nantes du 6 au 8 octobre 2010 . Autant dire que le CRJE du CHU de Nantes ( auto proclamé Centre de Référence sur le jeu excessif) ratisse large. Il faut bien assurer des relais de croissance aux addictologues. Ce Centre doit en outre dépenser les millions d’euros offerts sur un plateau par la FDJ et dans une moindre mesure par le PMU. Ce financement ( et les curieuses circonstances politiques dans lesquelles il a été décidé, nonobstant les réseaux d’influence activés) entraîne bien un « Conflit d’intérêt dans l’univers du jeu « comme le précise la journaliste Claire Legros ( La Vie du 5/IO). Nous avons souvent dénoncé ce scandaleux conflit d’intérêts mais nos propos ont rarement été repris par la presse – nationale ou régionale - souvent bénéficiaire de la publicité de la FDJ.

Alors quelques millions d’euros pour instrumentaliser et enfumer la question ( très sensible pour l’opérateur historique) du jeu pathologie maladie, c’est un pactole pour le CHU de Nantes, mais c’est peu pour la FDJ qui a réalisé 10 milliards de CA en 2009 et qui vient d’investir 25 millions d’euros pour lancer Amigo , un « nouveau » jeu de tirage quasi permanent( cf notre article)

Et c’est là qu’on voit l’omnipuissance de la FDJ et de son PDG Christophe Blanchard Dignac à qui on peut appliquer la formule : » Ils se croient tout permis et ils se permettent tout !» Quelques jours après avoir lancé Amigo à Lille ( dans une région très joueuse, c’est l’argument avancé par la FDJ, mais également une région avec beaucoup de chômage et de problèmes économiques) , la FDJ finance un congrès sur le jeu addictif. Le CRJE de Nantes dans sa plaquette de présentation du colloque ne précise pas combien elle touche des deux opérateurs historiques mais mentionne à propos de la Française des jeux et du PMU : « Ils soutiennent notre action », « Ces industriels du jeu sont présents pour échanger sur les initiatives mises en place au profit de la protection du consommateurs «

Depuis plusieurs mois la FDJ et C Blanchard Dignac pratiquent systématiquement le double langage et un discours contradictoire avec une naïveté consternante. Mais comme il n ‘y a pratiquement plus de médias critiques, ça marche. La presse ( qui bénéficie souvent de la publicité permanente de la FDJ) se contentant souvent de reprendre mot pour mot les dépêches AFP , qui reprennent elles-mêmes pro domo les nombreux communiqués de la FDJ et les vérités (subjectives) de son PDG

La FDJ a engagé 25 millions d’euro pour lancer Amigo un jeu quasi permanent à très haute fréquence de tirage, plus cher que le Rapido et avec un plus gros pactole. C’est bien pour booster son CA et attirer de plus en plus de clients ( notamment des jeunes et des femmes précise tranquillement Christophe Blanchard Dignac) Mais dans le même temps le PDG avec la complicité de la presse ( notamment France-Soir du 5/IO et toute la presse régionale) sert un beau discours sur le jeu responsable, la lutte contre l’addiction et même la fermeture des bars. Amigo sera moins addictif que Rapido et sera convivial affirme CB Dignac. Le PDG de la FDJ a même embauché une psychosociologue pour mieux vendre Amigo, qui comme par hasard dirige un petit cabinet spécialisé dans le marketing et le conseil stratégique (Mimesis)

Idem pour les jeux en ligne ou la FDJ a investi des millions d’euros ( « nous sommes bien partis pour atteindre 25% des parts de marchés en 2012 » précise CB Dignac dans France Soir du 5 octobre) et finance une étude sur le caractère addictogène des jeux, réalisée par un psychologue et le canadien psycognitiviste Ladouceur, qui sera bien entendu présent à Nantes à grand frais, pour faire rire l’assistance et montrer de manière simpliste que les joueurs sont des idiots mais pour finalement servir sur un plateau le discours souhaité par la FDJ sur le jeu pathologie maladie. Qui saura dans l’assistance que M. Ladouceur a eu un procès en déontologie et a été beaucoup critiqué pour les millions de dollars canadiens qu’il a reçus de Loto Québec pendant 20 ans

Alors bien sûr on parlera certainement de jeu responsable à Nantes notamment à la table ronde « Jeux responsable, des intentions aux actes » Mais la également l’opérateur historique ( qui décidemment a du mal à changer ses habitudes ) cherche à tout contrôler et a tout instrumentaliser. Il vient de commander à l’AFNOR une étude pour définir et normer la notion de Jeu responsable. Et comme le précise le cahier des charges de l’AFNOR : « la réglementation relève des pouvoirs publics, son application est imposée, les normes ont un caractère volontaire, s’y conformer n’est pas une obligation «

Souhaitons vivement que les autorités politiques et de régulation en charge du dossier gambling, et qui seront représentées au congrès de Nantes, annoncent enfin l’installation de la nouvelle architecture du paysage ludique ( comite consultatif du jeu, observatoire des jeux, commissions) prévu par la loi sur les jeux en ligne. Cela évitera à la FDJ de continuer à jouer le drôle de jeu et le double jeu qu’elle pratique depuis plusieurs mois. Après l’Arjel qui continue avec succès sa mission, il est donc grand temps que les politiques reprennent la main dans la perspective de la clause de revoyure, et afin d’éviter à l’opérateur historique de faire constamment le grand écart et d’être en conflit d’interets

Par Jean-Pierre G. MARTIGNONI-HUTIN ( sociologue)


   
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