Jeux en ligne, rien ne va plus. Alors que la Commission européenne, qui souhaite ouvrir ce secteur aux opérateurs privés, enquête sur le monopole contesté du PMU et de la Française des jeux, le gouvernement et sa majorité contre-attaquent par la loi.
Ils s'apprêtent à durcir leur riposte juridique contre les sites de jeux d'argent opérant sur la Toile à partir de l'étranger. Défendus par le président de la Commission des lois Philippe Houillon (UMP), différents amendements destinés à bloquer l'activité de ces sites devraient être discutés dans la nuit de lundi à mardi à l'Assemblée, dans le cadre de l'examen du texte sur la prévention de la délinquance.
Un arsenal antijeux en ligne directement inspiré de l'exemple du Congrès américain, qui avait voté, début octobre, une loi interdisant leur activité outre-Atlantique. Le vote avait immédiatement provoqué un effondrement boursier des géants mondiaux du jeu en ligne comme PartyGaming ou Sportingbet.
Ces amendements français prévoient d'imposer aux fournisseurs d'accès à l'Internet l'affichage d'une liste noire de plus d'un millier de sites illégaux, en avertissant les internautes «des risques encourus par eux du fait d'actes de jeu réalisés en violation de la loi».
Il s'agit également de dissuader les annonceurs (clubs sportifs, médias et sites Internet) d'aider ces sites à se faire connaître. Les contrevenants seront punis d'une forte amende (30 000 euros), que la justice pourra porter jusqu'au quadruple de l'investissement publicitaire consacré à l'opération. Une réponse aux tentatives d'incursion de sites de paris sportifs en France par le biais du sponsoring de clubs de football, comme avait récemment tenté de le faire l'autrichien Bwin.
Mais la plus radicale de ces barrières concerne le blocage des accès bancaires, en empêchant ces sites de procéder au paiement des joueurs.
Menée au nom de la lutte contre la dépendance croissante des Français au jeu (entre 1960 et 2005, les dépenses des Français pour les jeux ont crû de 148 %) et surtout de celle contre le blanchiment d'argent, cette offensive apparaît comme un combat d'arrière-garde, aux yeux des pourfendeurs des positions françaises.
«Plutôt que d'organiser le secteur en distinguant les opérateurs sérieux, basés au sein de l'Union, et les autres, on diabolise tout le monde, explique Emmanuel de Rohan-Chabot, PDG de Zeturf, basé à Malte et qui prend des paris sur les courses hippiques françaises. Dans sa logique malthusienne, la France ne fait que tenter de retarder l'inévitable fin de son monopole.»
source libération.fr
Par Christophe ALIX
QUOTIDIEN : lundi 27 novembre 2006