Casino de Chamonix : un trou dans la caisse !
Trois cent mille euros de moins dans l'aumônière municipale, ça fait tout de même un sacré trou ! D'où le bras de fer actuel entre la commune et l'exploitant du casino, le groupe casinotier Barrière SA. Pour ce dernier, le déficit enregistré ces dernières années par l'établissement chamoniard ne permettrait plus de laisser 15% du produit brut des jeux à la ville ; ce qui se faisait jusqu'alors. Mais lors du dernier conseil municipal (vendredi dernier), à l'unanimité, les conseillers ont décidé de tenir bon sur leur prétention à conserver les 15%.
Devant cette farouche volonté municipale, si les responsables du groupe attendent un rendez-vous pour discuter, d'autres sont bien plus inquiets quant à l'avenir : les salariés. Ils sont 90, tous sous contrats à durée déterminée, et peu enclins à supporter ces jeux de négociations, où le gagnant sera celui qui maîtrisera le mieux le stress.
Lundi soir, ils étaient donc réunis en assemblée par Bruno Cagnon, le directeur général des opérations du groupe Barrière. «Je leur ai expliqué la situation et la façon dont s'était déroulé l'appel à candidature. Nous étions les seuls candidats à notre propre succession. Je leur ai aussi exposé le pourquoi de notre demande de rabaisser notre participation.
Nous enregistrons du déficit depuis 1993, c'est pour cela que nous voudrions descendre à 10%».
«Ils savent très bien où on en est !»
L'autre souci de Bruno Cagnon est d'envoyer sa demande d'autorisation de jeux avant le 4 février. Au-delà, si l'État ne reçoit rien, un nouveau problème se posera. «Notre contrat se termine le 4 juin 2007. Si nous ne déposons pas cette demande maintenant, je ne sais pas ce qu'on fera le 5 juin au matin...» Alors le groupe Barrière dit attendre que la mairie veuille bien fixer un rendez-vous pour discuter. Mais rien n'arrive et certains, dans le groupe, se demandent déjà s'il ne s'agit pas pour la ville de laisser pourrir la situation, afin d'être plus fort pour négocier.
Naïves conjectures ou jeu de dupes ? D'autant que la maire de Chamonix, Michel Charlet, ne goûte pas au bras de fer. «Ils ont commencé par nous proposer 5%. Puis, voyant qu'ils exagéraient, ils sont passés à 10%. Je leur ai dit que le conseil serait contre, mais ils n'ont rien voulu entendre». Selon l'édile, le groupe Barrière se disait «très déçu que ça se termine comme ça, sans négociation.» On comprend ainsi que M. Cagnon sait depuis le dernier conseil municipal que les négociations sont rompues, contrairement à ce qu'il affirmait lundi, lors de sa réunion avec le personnel. «Aujourd'hui (NDLR: mercredi), poursuit le maire, ils vont recevoir un nouveau courrier de ma part, reformulant cette décision. (...) Notre avocat travaille afin qu'il n'y ait aucune fermeture en juin, pour l'économie, mais aussi pour le personnel.»
Selon toute probabilité, une nouvelle société devrait reprendre la gestion de l'établissement, dès juin.
Source : le Dauphiné le 5 février 2007
