Les Romands sont très joueurs
LOTERIES ET PARIS Les Helvètes dépensent en moyenne 368 francs par an dans l'espoir de décrocher la timbale, soit deux fois plus qu'il y a dix ans
«J'essaie de me raisonner car je suis assez flambeur.» Paris sportifs, Tribolo ou Casino, l'humoriste Thierry Meury reconnaît volontiers qu'il n'est pas le dernier lorsqu'il s'agit de tenter le destin pour décrocher le gros lot.
Un virus qu'il n'est pas le seul à avoir contracté. Selon les chiffres de l'Office fédéral de la justice, les Suisses n'ont jamais autant dépensé d'argent en loterie et paris: 368 francs en moyenne par tête de pipe l'an dernier, contre 172 francs en 1998. De quoi faire grimper le chiffre d'affaires du secteur au niveau record de 2,74 milliards de francs.
Succès de l'EuroMillions
«Les Suisses sont joueurs, surtout les Romands», confirme José Bessard, directeur de la communication à la Loterie Romande. Grattages, tirages, pronostics, les jeux n'ont cessé de proliférer. Et les clients de miser sur la chance. «Le grand succès de ces deux dernières années, c'est l'EuroMillions, rappelle José Bessard. Il faut dire qu'on n'avait jamais connu des jackpots aussi phénoménaux. Et on sait qu'il y a un seuil psychologique: à partir de 100 000 francs, les joueurs occasionnels vont miser.»
Par contre, les pronostics sportifs comme le Sport-Toto subissent de plein fouet la concurrence des sites de paris en ligne. Interdits en Suisse, mais contournant la loi car installés notamment en Allemagne et en Autriche, ces sites ne déduisent pas l'impôt anticipé sur les gains. Ils offrent donc des perspectives de rendement supérieures et drainent de plus en plus de gros parieurs suisses.
Selon l'hebdomadaire Cash, 200 à 300 millions de francs quitteraient ainsi le pays chaque année. Interrogé par le magazine, Pierre Fink, responsable marketing d'un site autrichien, assure qu'en matière de paris, «les Suisses ont développé un tempérament comparable à celui de certains peuples méditerranéens comme les Grecs ou les Turcs».
(source : lematin.ch/GENEVIÈVE COMBY)
Samedi 8 juillet 2006