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Coups de poker sur les jeux d'argent en ligne

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Coups de poker sur les jeux d'argent en ligne

Spécialiste des jeux de hasard et d'argent, le sénateur UMP du Var François Trucy juge l'hypothèse d'une mise en bourse de la Française des Jeux en 2009 un peu rapide et pas très réaliste.

Le secteur du jeu risque de connaître des changements importants avec la demande de la Commission européenne de libéraliser le marché des jeux sportifs en ligne. Quelle est la situation actuelle en France ?

François Trucy : Pendant longtemps, le groupe Partouche était le seul à s'énerver parce que l'Etat autorisait la Française des Jeux (FdJ) et le PMU à ouvrir des sites Internet mais l'interdisait aux autres opérateurs. Ces derniers temps, avec l'explosion des paris en ligne, les autres opérateurs de jeu (type groupe Tranchant), ont commencé à donner de la voix, suivis par la Commission. Le ministère des Finances a donc décidé d'ouvrir le marché des paris en ligne et, par la même occasion, celui du poker qui connaît un succès considérable sur Internet.

A qui profite cette ouverture du marché ?

Aux grands groupes d'abord, à commencer par Partouche, mais aussi aux opérateurs étrangers spécialisés dans le pari sportif : Bwin, Unibet, etc. Ils se sont déjà implantés dans de nombreux pays en Europe, sont cotés en bourse et ils veulent tout rafler : paris, poker et casinos en ligne. Au final, l'Etat se trouvera face à 10 ou 12 opérateurs sérieux.

Le Pdg du groupe Partouche est un ami de Nicolas Sarkozy, tout comme Stéphane Courbit, qui a récemment racheté 75% de BetClic par son fonds Manga Capital. Pensez-vous que l'ouverture du marché est favorable aux proches du Président ?

Patrouche y gagnera très certainement, BetClic un peu moins mais je n'attache pas beaucoup d'intérêt à ces polémiques sur les «copains».

Quel rôle tiendra le Parlement dans les discussions autour de cette réforme du jeu ?

A moins qu'Eric Woerth ne dépose la proposition de loi après les textes d'adaptation de la réforme des institutions, il n'en jouera aucun ! Depuis l'Empire, les revenus du PMU et de la FdJ sont comptés comme «recettes» non fiscales de l'Etat, ce qui empêche tout débat au Parlement et laisse la gestion du jeu au seul gouvernement. C'était le propos de mon rapport «Etat croupier, Parlement croupion» paru en 2002 . S'il y a débat, ça sera la première fois qu'on parlera de jeu au Sénat et à l'Assemblée.

François Truçy, sénateur du Var. Crédit : Sénat.fr Quelles sont les risques de l'ouverture du marché pour les joueurs ?

Actuellement, le système de la FdJ est bon : il y a un taux de retour convenable (55 à 60% des sommes jouées) qui motive le joueur mais ne le sucre pas trop, ce qui évite que le jeu dérape. Pour le PMU, le taux de retour est encore plus fort : 70% des sommes jouées reviennent au joueur. De plus, le système de mutualisation permet de faire vivre la filière équine en France qui emploie des milliers de personnes.

Le problème des nouveaux opérateurs, notamment ceux spécialisés dans le jeu en ligne, c'est qu'ils vont chercher à gagner un maximum en réduisant le retour, développer leur offre au maximum et saturer le marché français. Par ailleurs, la question est de savoir comment gérer l'addiction au jeu : 95% des interdits de casino le sont volontairement, mais comment faire pour les empêcher de parier sur des sites web ? Enfin, il faudra être très intransigeant sur l'origine de l'argent des sites de paris en ligne : avec tous les outils qui existent aujourd'hui pour maquiller l'argent (fonds, sociétés écrans, etc.), l'Etat devra mettre en place une feuille de route très claire pour éviter le blanchiment.

Le journal Les Echos du 15 septembre 2008 a évoqué la piste de la mise en bourse d'une part du capital que l'Etat détient dans le groupe Française des Jeux dès 2009. Comment une telle opération pourrait-elle être mise en place ?

L'Etat dispose actuellement de 72% des parts de la FdJ et 20% sont détenus par des opérateurs historiques, notamment des associations d'aides aux victimes de la guerre de 1914-18 qui se sont vues attribuer cette rente. Pour mettre des parts sur le marché, il faudra avant tout changer la structure du groupe pour pouvoir vendre et ensuite y trouver son compte, ce qui ne sera pas facile : la FdJ a représenté 2,7 milliards d'euros de bénéfices pour l'Etat en 2007 et il n'est pas sûr qu'il trouvera preneur en période d'incertitude boursière. Quand aux associations, elles risquent fort de chercher à tirer les prix vers le haut. Pour ces raisons, je pense que l'hypothèse d'une mise en bourse est peu probable, en tout cas pas dès 2009.

source le 16 septembre 2008 www.marianne2.fr Sylvain Lapoix


   
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