Yves Adol, le patron du cercle hôtelier, défend l’idée d’un casino dans les Chais Monnet. Il essaie de convaincre. Malgré une législation défavorable, des élus sont séduits par le projet.
Faites vos jeux, rien ne va plus". Le refrain préféré des croupiers pourrait un jour résonner à Cognac. En plus de la roulette, des tables de black jack et des machines à sous pourraient s’implanter en centre-ville. Si l’idée n’a rien d’un coup de bluff, elle n’en est encore qu’à ses balbutiements. Avec un défenseur de premier choix: Yves Adol, le patron du restaurant La Courtine et président du cercle hôtelier de Cognac. "Il faut élever la destination Cognac à la hauteur du produit et créer quelque chose qui attire", soutient le restaurateur. Et de citer Jonzac, ce "joli port de pêche", qui a son casino (voir encadré). "C’est faisable à Cognac", assure-t-il.
Pourtant, les textes de loi sont formels: seules "les communes classées stations balnéaires, thermales ou climatiques" et "la ville principale d’une agglomération de plus de 500.000 habitants" ont vocation à accueillir une salle de jeu. Yves Adol se réfère à une autre catégorie. Celle des villes "classées de tourisme". "C’est une idée à creuser, bien sûr il faut s’en donner les moyens", répète-il.
Des ressources en plus pour la commune
Géraldine Leduc, directrice de l’association nationale des maires des stations classées et communes touristiques, est moins optimiste. "Cognac n’aura jamais de casino en l’état actuel des textes de loi. Même si elle se classe, elle doit quand même être balnéaire, thermale ou climatique", assure la professionnelle. Pas de quoi décourager Christian Coates, vice-président de la chambre de commerce et d’industrie de Cognac. "C’est une histoire vieille comme le monde, on en parlait déjà du temps de Francis Hardy. On ne peut pas dire que c’est impossible. Ce genre de dossier peut aboutir si tous les acteurs se mobilisent. ça se travaille".
Si Robert Richard, le président de GrandCognac, situe l’idée dans "le domaine du rêve", Michel Gourinchas veut y croire. "Aujourd’hui, on n’est pas en situation d’accueillir un casino. Mais si demain il y a une opportunité, je suis prêt à la saisir, assure le maire de Cognac. Il faut qu’on travaille sur l’aspect de ville touristique. Un casino amènerait du monde et apporterait des ressources à la commune". Il se souvient d’une personne venue frapper à sa porte pour en créer un dans les locaux de l’ancienne Banque de France.
Si casino il doit y avoir à Cognac, Yves Adol l’imagine dans les Chais Monnet. "L’espace serait suffisant et le stationnement aussi", abonde Michel Gourinchas, toujours au conditionnel.
En 1998 déjà, l’homme d’affaires Franck Valente s’était laissé séduire par cette idée. "Quand j’ai voulu me présenter aux municipales, je voulais faire de la géothermie pour chauffer les bâtiments. On aurait pu embrayer sur un centre de thalasso et donc devenir ville thermale. On est sur la même source que Jonzac".
Il avait finalement choisi de se concentrer sur la création d’une école de croupiers à laquelle aurait été adossé un petit casino. Là encore, le projet avait avorté. "Aujourd’hui, ceux qui disent vouloir installer un casino à Cognac, c’est du pipeau", conclut-il.