Questions à Shanawaz Jaulim, propriétaire d’un casino a l'ile Maurice
Depuis combien de temps êtes-vous dans la filière des jeux ? Avez-vous constaté un engouement grandissant de la part des Mauriciens dans ce domaine ?
J’ai ouvert mon premier casino en juillet 2004 que j’ai d’ailleurs vendu il y a trois mois. Entre-temps j’en avais ouvert un deuxième justement suite à l’ampleur du phénomène. Les Mauriciens deviennent de plus en plus accros. Le second a nettement mieux marché que le premier parce qu’il y a eu une réelle amélioration. Nos compatriotes préfèrent un certain cadre, un certain standing pour s’adonner à leur passion. Les trois quarts des clients vont vers les roulettes électroniques et le reste préfère les machines à sous notamment des femmes d’un certain âge.
Votre avis sur les incidents aux Pallagames ?
C’est très triste ce qui est arrivé à cette maison de jeux. Nous avons eu un problème similaire quand nous avons ouvert le premier casino. Les gens doivent comprendre que nous avons le droit absolu de refuser l’accès à une certaine clientèle quand nous estimons qu’ils sont capables de provoquer des troubles et en ce sens incommoder les joueurs, surtout dans le cas des personnes en état d’ivresse ou ceux qui n’hésitent pas à amener avec eux des gros bras.
Que répondez-vous à ceux qui affirment que les maisons de jeux sont une source de désordre moral car souvent des personnes de mauvaise vie gravitent autour de ces boîtes ?
On n’a jamais eu aucun incident depuis l’ouverture du second casino. Il faut dire qu’il se trouve dans une artère principale dans une grande ville. On n’a eu aucune plainte de l’entourage du casino. Aucune présence de prostituées. On ne peut certes pas mettre toutes les maisons de jeux dans le même panier. Je conçois ma maison de jeux comme une distraction, un lieu de divertissement pour ma clientèle. Elle est obligatoirement régie dans un certain cadre.
Justement, comment arrivez-vous à y imposer ce cadre ? Et parvenez-vous à protéger les joueurs impulsifs ?
Dans certaines maisons de jeux, on utilise la force. Ce n’est guère le cas chez nous. Et tout cela a un prix. Nous avons un très gros budget pour assurer la sécurité et le bien-être de notre clientèle. De midi à quatre heures du matin, nous avons une sécurité privée et aussi des policiers sur place. Quant aux joueurs impulsifs, je pense que nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade-là, en tout cas pas dans mon établissement. Si un joueur estime avoir atteint une phase dangereuse, il peut souhaiter se faire interdire l’entrée au casino comme dans d’autres pays. Pour moi, le jeu doit rester du domaine du divertissement.
Que pensez-vous de l’ébauche du projet de loi qui tend, entre autres, à rendre légaux les paris comme celui de miser sur les matches de football ?
Je serai totalement pour la légalisation. 80 % des joueurs fréquentant les casinos sont aussi accros aux courses et aux paris sur le football. Que le Gaming Board donne aux actuels détenteurs de permis la possibilité d’inclure les paris et d’opérer dans un cadre déjà préexistant. Ce sera beaucoup plus facile pour cette instance de gérer et de contrôler. Le Gaming Board a déjà un système très rigoureux en place.
source novembre 2006 lexpress