Bourbon-l’Archambault, ce n’est pas Las Vegas. Ici, en plein milieu rural, le casino parie tout sur l’anti-bling-bling. C’est le super-bingo : son chiffre d’affaires s’est envolé de 4 % en 2013.
Faites vos jeux ! Le casino de Bourbon-l'Archambault fait les siens… Dans un contexte économique difficile pour la profession, il sort le numéro gagnant. Ce n'est pas un jeu de circonstances, estime son directeur, Frédéric Mousset, mais le gain d'une politique mûrement réfléchie. Entretien.
A contre-courant de la morosité économique ambiante pour beaucoup de casinos français, le vôtre enregistre une hausse de son chiffre d'affaires. Comment l'expliquez-vous ?
Ecoutez, il n'y a aucun secret : on mise tout sur la convivialité. Ce que je demande à mes équipes, c'est de la chaleur humaine, de la prévenance avec les clients. C'est une denrée rare, la gentillesse, dans le monde dans lequel nous vivons. C'est comme ça que nous avons réussi à fidéliser les gens.
A Bourbon-l'Archambault, ils se sentent à la maison, comme dans un cocon. L'ambiance est familiale, sympathique. Personnellement, je fais la bise à environ 20 % des clients… Ça peut paraître anecdotique. Mais, en fait, c'est très révélateur de notre fonctionnement. Ça veut dire que tout le monde finit par se connaître. Ce n'est pas l'anonymat des grands casinos. Notre clientèle apprécie cet état d'esprit.
Les gens viendraient donc au moins autant pour l'atmosphère que pour l'attrait du jeu ?
Absolument ! Leur objectif, tout simplement, c'est de passer un moment agréable, distrayant, comme quand ils se font un ciné. S'ils viennent pour faire de l'argent chez nous, mieux vaut qu'ils restent chez eux. C'est le message que je n'hésite pas à leur transmettre.
Ce discours raisonné n'est-il pas contradictoire avec les intérêts de votre établissement ?
Pas du tout. Je préfère des clients fidèles qui s'amusent en conscience, en dépensant
sommes adaptées à leur budget, plutôt que des clients qui vont se mettre dans le rouge financièrement. Ceux-là, au final, ils ne reviendront plus ou ils finiront par se faire interdire. Nous n'avons rien à y gagner. En moyenne, chez nous, ils jouent 40 €. Très raisonnable, donc.
Quel est le profil de votre clientèle ?
Son profil, c'est son absence de profil. Nous avons tous les âges, toutes les classes sociales : étudiants, retraités, ouvriers, chefs d'entreprise… Nous, on accueille tout le monde avec le même sourire. On prend les gens comme ils sont. Durant la saison estivale, s'ils veulent venir en tongs et en bermuda, pas de problème ! On tient à se démarquer du bling-bling des côtes d'Azur et normande.
Notre truc, c'est la simplicité. Ce principe, je me l'applique d'ailleurs à moi-même. Je suis directeur, mais il m'arrive sans rechigner de tondre la pelouse du casino et de nettoyer ses moquettes à la shampouineuse.
On est un petit casino en zone rurale, c'est notre personnalité, c'est notre force. J'ai des clients qui préfèrent faire plus de 150 km pour jouer à Bourbon-l'Archambault, plutôt que dans des grands établissements impersonnels situés près de chez eux.
Patrick Sébastien, Anne Roumanoff, Arthur, Roland Magdane… Vous accueillez régulièrement les spectacles de têtes d'affiche. Est-ce rentable ?
On ne gagne pas d'argent là-dessus. En revanche, le gain est incalculable en termes d'image, de visibilité, de notoriété. Grâce à ces shows, on parvient à développer de façon très importante notre réputation et, à ce titre, on attire de nouveaux clients.
Si on veut se maintenir ou grandir, il faut sans cesse créer l'événement, faire parler de nous. C'est aussi pour cela que nous organisons des animations populaires : belotes, tombolas, feux d'artifice, soirées à thème, concerts de musiciens locaux.
Vous êtes observés par vos concurrents ?
Ah ça, oui ! Régulièrement, certains se déplacent pour voir la façon dont on fonctionne. C'est bon signe pour nous. Pas forcément pour eux.
En chiffres. Propriété du groupe Vikings appartenant à Serge Foucher (80 % des actions du groupe) et à Luc Le Borgne (20 %), le casino de Bourbon-l'Archambault, 90.000 entrées et 33 collaborateurs, a enregistré un chiffre d'affaires de 6.281.299 € en 2013 (+4 %). Machines à sous : 6.052.785 € (+5 %). Jeux de table : 59.824 € (-21 %) ; Restauration : 26.713 € (+15 %). Sur la saison 2011-2012, le casino a rapporté 615.395 € à la commune de Bourbon-l'Archambault et 2.137.250 € à l'Etat, soit au total 45 % du chiffre d'affaires de l'établissement.
source : lamontagne.fr / Antoine Delacou