Le joueur de poker se « refait » au tribunal
Le casino de La Baule est condamné à lui rembourser 20 660 €. Parce qu'il aurait dû refuser l'accès à ce Nantais, interdit de jeux. Une première.
Rien ne va plus au casino de La Baule. Mercredi dernier, la cour d'appel de Rennes l'a condamné à payer 20 660 € de dommages et intérêts. C'est un habitant de Bouguenais (Loire-Atlantique), âgé 30 ans qui, acculé par ses dettes, récupère le jackpot.
Mickaël (1) est ce qu'on pourrait appeler un accro des machines à sous, du bandit manchot et spécialement du vidéo poker. Le 10 avril 2002, conscient de sa dépendance et de ses pertes financières, l'ancien joueur de basket se rapproche de l'association SOS Joueurs. Dans la foulée, il écrit au Ministère de l'Intérieur pour se faire inscrire sur la liste des interdits de casino. Actuellement, près de 30 000 joueurs figurent sur le fichier.
« Faute délictuelle »
Mais Mickaël continue de jouer, beaucoup, le week-end, au casino de La Baule, entre mai 2002 et décembre 2003. Et il perd de plus belle.
Il décide de se retourner vers la justice.
Le 23 mai 2005, au vu du témoignage d'un accompagnateur de la « victime » et de ses relevés bancaires, le tribunal de grande instance de Saint-Nazaire condamne le casino baulois à lui verser 5 850 €, au titre du préjudice subi. Le casino fait appel, estimant que « l'aléa est le propre du contrat de jeu ». Mickaël contre-attaque et réclame 20 760 € de réparation. « Mon client a pris conscience que cette passion du jeu était une pathologie, explique Loïc Rajalu, son avocat. La démarche de se faire interdire de jeux visait à ce que l'État et les salles de casinos l'empêchent d'assouvir son vice. » De son côté, Jean-Louis Arniaud, directeur du casino de la Baule, n'a pas souhaité faire de commentaire, regrettant, à demi-mots, « une certaine mauvaise foi ». La cour d'appel, le 24 janvier, a donné raison à Mickaël, en reconnaissant une « faute de nature délictuelle » du casino.
L'arrêté ministériel du 13 décembre 2006 devrait éviter tout nouveau problème de ce genre. Les casinos ont désormais obligation de contrôler l'identité des joueurs, à l'entrée.
Charles CENTOFANTI.
(1) prénom modifié - Ouest-France 1 février 2007