Alain Bocquet : « Je suis le Robin des bois des casinos »
Alain Bocquet, député-maire communiste de Saint-Amand (17 170 habitants), accueille dans sa commune le deuxième plus grand casino de France : le Pasino, premier établissement repris par Isidore Partouche en 1973.
– Monsieur Bocquet, peut-on être maire de Saint-Amand et contre le casino ?
« Peu après mon investiture en 2001, j’ai eu droit à la question suivante : “Allez-vous fermer le casino ?” J’ai répondu que j’étais contre les casinos, sauf celui de Saint-Amand. Je suis le maire d’une commune où les ouvriers troquaient leur bleu de travail pour la chemise blanche du croupier. Ça compte. » – Qu’est-ce que le casino, par sa redevance (6,8 ME) a permis de créer dans votre commune ?
« On a transformé la médiathèque, restauré la tour, baissé les prix de la cantine scolaire, des activités sportives ou culturelles. Je prends l’argent où il est. » – C’est en partie celui des Amandinois… « Ils ne représentent que 2 % des joueurs du Pasino. Le reste vient de Charleroi, d’Amiens, de la métropole lilloise et même des environs de Bruges. » – Le renouvellement de la concession s’est déroulé en 2002, comment avez-vous négocié ?
« Je suis allé voir Isidore Partouche et je lui ai dit qu’il ne donnait pas beaucoup pour la commune. On a négocié plein pot, le maximum. Je suis le Robin des bois des casinos. » – Y a-t-il eu des critiques au sein de votre parti ?
« Bien sûr. C’est le bal des hypocrites. Je pourrais vous citer un grand nombre de personnalités qui vont au casino et qui s’en défendent… » – Par exemple… (Il ne relève pas) « Des dirigeants de parti de gauche. Mais moi, au bal des hypocrites, je n’y danse pas. » – Que pensez-vous du projet de casino lillois ?
« Le casino de Lille, c’est celui de Saint-Amand. C’est Pierre Mauroy qui l’a dit. Je reste sur cette ligne. Saint-Amand est la banlieue de Lille, à l’heure de la mondialisation. À mon avis, il y a suffisamment de casinos en France. Il faudrait maîtriser la zone de chalandise.
» – Face au risque d’addiction, pensez-vous que le jeu en vaut la chandelle ?
« Mais il faut alors changer la société, cher ami ! Le casino n’est qu’une conséquence. Si un gouvernement a le courage de dire “on arrête tous les jeux d’argent”, je suis pour. Il faut aller au bout de la logique. D’ici là, tant pis pour les pères de famille, joueurs compulsifs. On n’est pas obligé d’aller au casino. Je préfère m’occuper de leurs enfants, en leur offrant des activités.
Je ne vais pas lutter contre des moulins à vent. »
recueilli par J. LÉCUYER
source la voix du Nord - le 18 Novembre 2006