Casinos en ligne : les mésaventures
de Pascale, internaute-joueuse
Ou comment en pariant quelques dollars sur un cyber-casino, on se retrouve embringué dans une drôle d'histoire qui passe par le Canada, le Costa Rica et... son agence bancaire. Témoignage. (3 octobre 2002)
Pour protéger sa véritable identité, appelons-la Pascale. Agée de 30 ans, cette assistante commerciale vit à Paris. Pendant ses vacances, elle fréquente régulièrement les salles des casinos "réels". En juillet dernier, sa passion a trouvé un nouveau terrain de jeu avec les croupiers en ligne. "Avant cet été, j'avais souvent joué en démo sur des casinos en ligne, explique-t-elle. Et puis, en juillet, je me suis décidée et j'ai joué cinq fois sur des services payants pour un montant total d'environ 350 dollars." Une somme que Pascale n'est pas prête d'oublier...
"J'ai gagné 500 pièces de 10 cents et la machine ne m'en a payé que 80..."
Sa première expérience se déroulera sur le site du casino Partouche. Elle se voit rapidement "bloquée" au moment de créditer son compte avec sa carte bleue. Motif : "Il n'est plus possible d'accéder aux jeux réels de Casino Partouche International, avec pour moyen de paiement une carte de crédit délivrée par une banque française". Logique, au regard de notre législation, un citoyen français n'a pas le droit de jouer de l'argent en ligne.
Pascale se rend alors sur Casino770.com, nettement moins regardant. Elle s'inscrit sans aucun aucun obstacle et ouvre un compte en dollars. Le site se révèle assez, hum, étrange : "Leurs machines à sous se sont déréglées, se souvient-elle. J'ai gagné 500 pièces de 10 cents et la machine ne m'en a payé que 80. J'ai envoyé des mails à Casino770.com pour leur demander des explications. Ils m'ont demandé des éléments de preuve que je leur ai transmis. Je n'ai jamais eu de réponses de leur part..."
Suite à cette seconde tentative, Pascale persiste et s'inscrit sur IndianOceanCasino.com (dont le nom de domaine a été déposé à l'Ile Maurice). Après avoir téléchargé le logiciel "sécurisé" de jeu en ligne, elle entame ses premières parties qui, là aussi, réservent quelques surprises : "Au jeu de la roulette, le site s'est bloqué alors que j'avais 270 dollars de gains. J'ai attendu un quart d'heure dans l'espoir que tout redevienne normal. Finalement, exaspérée par l'attente, j'ai arrêté mon ordinateur. Lorsque que je me suis reconectée, il n'y avait plus aucun moyen de récupérer la mise." Pascale envoie alors des e-mails de réclamation au site pour récupérer ses 270 dollars.
Après plusieurs essais, elle parvient à entamer une correspondance avec Christine, une chargée clientèle francophone, installée au Canada. Elle représente la société GamblingFederation.com (nom de domaine déposé au Costa Rica). Celle-ci fournit aux éditeurs qui souhaitent exploiter un site de jeu une infrastructure technique et gère les dépôts et les gains (l'éditeur affilié recevant 35 à 65 % de commissions sur les pertes des joueurs). IndianOceanCasino.com, le site visitée par Pascale, est justement l'un des affiliés de GamblingFederation.com.
"Impossible d'encaisser le chèque de cette banque inconnue"
Après quelques échanges d'e-mails, Christine se veut rassurante : les gains de Pascale vont lui être envoyés par chèque via le transporteur DHL. En consultant le service de suivi en ligne du transporteur, Pascale s'aperçoit alors que l'enveloppe contenant le chèque effectue un périple étonnant entre le 6 et 16 août : Montréal (Canada), Cincinnati (Etats-Unis), Bruxelles (Belgique) puis, enfin, Paris (France). Le chèque est déposé à la banque.
Mais une nouvelle surprise attend Pascale un mois plus tard. Le 19 septembre, son agence bancaire à Paris lui téléphone pour l'informer qu'elle refuse d'encaisser la somme, payée en deux chèques (100 et 170 dollars). Pour l'agence, ces chèques émis par des banques inconnues au bataillon fleurent le blanchiment d'argent. Après dix jours de tractations, l'agence accepte finalement d'encaisser le chèque de 170 dollars. "On m'informe alors que le chèque ne sera sur mon compte que dans un délai de trois semaines à six mois. Et qu'une commission de 15 dollars de frais sera retenue." Pour le chèque de 100 dollars, les négociations sont toujours en cours...
Pour Pascale, les conséquences de cette immersion dans l'univers des casinos virtuels ne s'arrêtent pas là. Sur son relevé de compte, elle s'aperçoit que les débits qui correspondent aux sommes versées pour alimenter ses parties sur IndianOceanCasino.com, sont effectués par divers établissement bancaires étrangers "aux noms très exotiques avec des taux de commissionnement très différents". Autre désagrément, presque anecdotique, lui : Pascale est aujourd'hui inondée de spams sur sa boîte mail qui l'invitent à jouer sur des casino en ligne. Elle ne les regarde même plus...
source 11 septembre 2006