Jean-François Vilotte, président de l’Autorité de régulation des jeux en ligne répond aux questions de Metro.
Quel bilan faites-vous des six mois d’ouverture à la concurrence des jeux sur Internet ?
On est en ligne avec l’objectif de la loi, qui était de faire basculer l’offre illégale vers l’offre légale. Si l’on prend l’exemple du marché des paris sportifs, on estimait que les Français y dépensaient chaque année un milliard d’euros avant la régulation. Le mois dernier, on approchait déjà les 400 millions d’euros de mises sur les sites légaux. Les sites illégaux sont donc devenus marginaux.
Les opérateurs affirment qu’avec le cadre réglementaire actuel ils ne parviennent pas à être rentables. Que leur repondez-vous ?
L’objectif du législateur, c’était que le basculement vers l’offre légale s’opère sans qu’il y ait d’explosion de la demande : les jeux en ligne, ce n’est pas un secteur économique banal. Il y a des risques d’addiction, il faut protéger les mineurs, se préoccuper de l’éthique des compétitions, lutter contre le blanchiment... Cela peut produire des jugements contrastés sur le marché. Certains estiment ainsi que ce n’est pas l’eldorado qu’ils attendaient. Mais ce n’était pas l’objectif de la loi ni les estimations qui étaient celles des pouvoirs publics à la base.
Les mêmes opérateurs prétendent que la loi, trop contraignante, pourrait favoriser la fraude...
C’est un discours que j’entends. Il sera sûrement développé, et c’est normal, par les opérateurs à l’occasion de la clause de revoyure. Mais si cela revient à dire qu’une économie souterraine, non fiscalisée, peut être potentiellement plus attractive qu’une activité régulée, c’est un peu un truisme. La question, c’est de savoir si on est sur un point d’équilibre satisfaisant.
décembre 2010