Licenciés pour avoir fait grève le 31 décembre
Ulcérés par un mouvement de grève le 31 décembre, les groupes Partouche et Tranchant ont convoqué les grévistes à un entretien préalable au licenciement.
Les syndicats dénoncent une atteinte au droit de grève et en appelle au ministre de l'Intérieur.
Les salariés des casinos qui ont fait grève le 31 décembre étaient-ils dans leur droit ? Non, selon les directions des groupes Partouche et Tranchant qui exploitent les casinos et qui ont l'intention de les licencier.
Ces derniers ont tous reçu la semaine dernière des lettres recommandées les convoquant à un entretien préalable de licenciement.
Neuf personnes sont concernées à Berck-sur-Mer dans le Pas-de-Calais et cinq à Evaux-les-Bains dans la Creuse pour le groupe Partouche. Entre quatorze et dix-sept salariés du casino de Pougues-les-eaux dans la Nièvre appartenant au groupe Tranchant devraient également être licenciés.
"Il ne s'agit pas d'une grève mais d'un abandon de poste", a estimé Georges Tranchant, le président fondateur du groupe qui exploite 21 casinos dont 16 en France. "Les casinos étant des délégations de service public, tout mouvement social doit faire l'objet d'un dépôt de préavis de grève", a affirmé le PDG à LCI.fr.
Or, il n'y en a pas eu. Une position contestée par Force ouvrière : "Les préavis de grève concernent la fonction publique mais les casinos relèvent du privé et dans ce cas, un mot d'ordre de grève national comme celui auquel ont appelé FO, la CGT, la CFDT et la CGC le 21 décembre suffit", relève David Rousset, secrétaire général de FO Casino, contacté par LCI.fr.
Les syndicats en appellent à Nicolas Sarkozy
Cet appel à la grève avait été lancé lors d'une commission mixte paritaire entre les syndicats et le patronat à la suite d'un désaccord sur les salaires. Un certain nombre de casinos n'avaient pas pu ouvrir leurs portes le soir de la Saint-Sylvestre, un moment important pour le secteur des jeux.
Ce mouvement avait ulcéré les dirigeants du groupe Partouche : "Alain Partouche était venu nous voir à Berck le 31 décembre et nous avait dit que ceux qui ne reprendraient pas le travail pourraient aller voir ailleurs en 2007", rapporte Carole Poulet, croupière au casino de Berck et déléguée syndicale FO.
"Nous allons saisir par courrier le ministre de l'Intérieur pour lui demander d'exercer son pouvoir de suspendre ou révoquer ces directeurs pour motif de troubles à l'ordre public conformément à l'article 12-V, alinea 4, du réglement des Jeux", a indiqué David Rousset.
Ce courrier sera transmis à Nicolas Sarkozy jeudi, lors d'une entrevue avec les syndicats de salariés des casinos. "Je ne vois pas très bien ce que vient faire le ministre de l'Intérieur dans un conflit social", a estimé Georges Tranchant.
Pour Force ouvrière, il s'agit d'une remise en cause du droit constitutionnel de grève. L'intersyndicale tiendra par ailleurs une conférence de presse le mercredi 17 janvier à Berck avec les salariés qui s'apprêtent à être licenciés, le jour de leur convocation à l'entretien préalable. Si les licenciements sont confirmés, les syndicats porteront rapidement l'affaire devant les Prud'hommes.
source tf1 sophie LUTRAND le 12/07/2007