Sheldon G. Adelson, roi des casinos, rêve d'un mini-Vegas en Europe
On connaît l'homme le plus riche d'Amérique : Bill Gates, dont la fortune avoisine les 60 milliards de dollars (41,2 milliards d'euros). Son suivant est le célèbre investisseur apôtre du "placement sûr", Warren Buffet (un peu plus de 50 milliards de dollars). Mais qui connaît le médaillé de bronze ? Sheldon G. Adelson s'est un peu mis en lumière, vendredi 18 janvier, lorsqu'il a inauguré son nouvel hôtel à Las Vegas : le Palazzo (7 200 chambres) et le plus grand centre de congrès des Etats-Unis.
Son patrimoine est estimé par le magazine Forbes à 28 milliards de dollars. Il y a quinze ans, il n'en possédait pas le centième... Adelson, 74 ans, est un adepte de l'amitié. Son empire, le Las Vegas Sands, il l'a bâti avec ceux qui s'appellent entre eux "les gars", tous copains de jeunesse d'un quartier de Boston qui ont pour nom Irwin Chafetz, Ted Cutler, Jordan Shapiro. A coups de ténacité et de prise de risques, il les a rendus riches ; eux sont retraités, lui a continué.
CONFÉRENCES ET BLACK JACK
En affaires, dit de lui au New York Times Gary Loveman, l'un des grands propriétaires de casinos, Adelson "est un dur, on pourrait même dire qu'il est déraisonnablement dur". "Pour travailler avec Sheldon, mieux vaut se munir d'un manteau en Teflon", ajoute Jason Chudnofsky, qui fut l'un de ses directeurs.
"Etre riche, dans le quartier, c'était posséder trois dollars", se souvient Chafetz. L'homme et ses acolytes ont d'abord oeuvré dans la fourniture de toilettes pour l'hôtellerie. Puis ils se sont tournés vers le marché informatique. Puis Adelson s'est lancé dans les salles de congrès. Puis il a eu l'idée géniale : déplacer hommes d'affaires, médecins et autres à Vegas, lier l'intérêt professionnel au jeu et à son environnement, lumières crues et petites pépées. On s'est gaussé lorsqu'en 1995 il a ouvert le Venezia, dont l'immense salle de conférences est plus vaste que celle du black jack. On s'est moins moqué lorsqu'il est devenu le plus gros homme d'affaires de la ville.
Ce que l'on sait peu, c'est que Vegas n'est rien comparé à Macao. Car c'est dans le port franc chinois qu'Adelson a amassé sa vraie fortune. Le chiffre d'affaires du jeu y est aujourd'hui plus important que dans tout le Nevada. Lui y détient deux casinos, dont l'un trois fois plus grand que le plus important de tout Las Vegas. Il s'apprête à y investir 9 milliards de dollars pour y bâtir 13 nouveaux hôtels, qui s'ajouteront aux 3,6 milliards injectés dans un casino à Singapour. Adelson, important donateur du Parti républicain, a récemment largement financé Freedom's Watch, une organisation qui regroupe certains anciens responsables les plus "guerriers" de l'administration Bush sur les questions de l'Irak, l'Iran ou la Palestine. Après l'Asie, Adelson envisage de créer "un mini-Las Vegas quelque part en Europe", indique le Times.
Source lemonde.fr
Sylvain Cypel
Article paru dans l'édition du 23.01.08.
