Les joueurs de poker envahissent la ville
A Bertoua (Cameroun) plus particulièrement on avait l'habitude de voir des jeunes hommes avec leur petite table manipulant les cartes à l'entrée du marché central, mais aujourd'hui, le phénomène prend de l'ampleur dans la ville.
Le développement ou encore la multiplication des points de joueurs de cartes est effrayant. Une enquête menée à ce sujet nous a conduits à deux évidences. Chaque quartier de la ville de Bertoua est doté d'au moins un point de jeu de poker. Ensuite, on constate que cette activité se pratique au vue de tout le monde, sans aucune crainte des agents de force de l'ordre indifférents à ce dangereux phénomène.
Au quartier Tigaza, au lieu dit panthère bar, il n’est pas rare de voir des responsables de familles passer une bonne partie de la nuit à jouer au poker.
Juste à coté, à l'ombre des manguiers les jeunes enfants ont très vite aménagé deux points de jeu de cartes. Malheureusement, ces derniers sont souvent appelés à assister aux bagarres entre adultes et qui utilisent souvent toute sorte d’arme pour se défendre: couteaux, hache, morceau de latte etc. A l’origine de ces bagarres, ce sont toujours des accusations de tricherie.
Au quartier élevage, au lieu dit carrefour Yefouo, un petit hangar aménagé par une jeune fille pour la vente de ses beignets est aussitôt envahi par les joueurs de poker dès que la propriétaire vide les lieux au environ de 10h. Les joueurs de poker y restent jusqu'à très tard dans la nuit. Un autre quartier de Bertoua a attrapé le virus du poker. Ils sont installés sous les arbres fruitiers, on y joue, bagarre, s'arrange et recommence.
Le grand quartier Mokolo n'échappe pas à l'épidémie, Bodomo n'est pas en reste, au marché central de Bertoua, c'est un système de mi-temps, en journée. Les joueurs sont installés au milieu du marché. Ils jouent, bagarrent, arrachent les portes monnaies des ménagères et ceci sous la barbe des forces de l'ordre.
Mme Nguidjol, vendeuse de viande boucanée confie : "ils viennent souvent arracher de l'argent ici, vous voyez ils sont juste derrière nous et ils font trop de bruit, s'ils demandent de l'argent tu dois donner pour qu'ils te collent la paix". En soirée le marché se vide de ses commerçants à partir de 18 h, quelques temps après les comptoirs sont progressivement occupés par des jeunes qui ne sont rien d'autres que des joueurs de cartes qui y restent toute la nuit, fumant du chanvre, et bagarrent.
source Charles Mahop le 25 octobre 2006 www.quotidienmutation.com
+1 J'adore les expressions africaines "fleuries" et le ton général de l'article ! A relire sans modération !
