la folie du poker gagne internet, la télévision les casinos
Grâce à Internet et la télévision, le poker commence à faire recette en France. Les termes comme "flop" (les trois premières cartes communes à tous les joueurs), "cave" (somme de jetons du joueur), "blind" (mise obligatoire) ou "all in" (ou "tapis", pour la mise de tous les jetons) sont devenus des mots courants, y compris dans les cours de récréation...
Après la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, où un championnat de poker diffusé à la télévision peut rassembler 10 millions de téléspectateurs, près de 500 000 Français se sont mis à la table de jeu grâce à Internet.
Les casinotiers comptent bien profiter de cette aubaine. Ainsi le groupe Barrière, qui possède 30 casinos à travers la France, commence à les réaménager pour faire de la place aux tables de poker, autorisées officiellement depuis le mois d'août.
De trois tables à son lancement, le casino de Deauville est passé à huit dès septembre. Depuis, chaque soir, et surtout le week-end, le poker en "cash game" version "Texas hold'em" et les tournois connaissent "un succès phénoménal", assure la direction du groupe Barrière. Avec deux cartes en main, le joueur doit faire la meilleure combinaison avec cinq cartes communes étalées sur le tapis. Le "hold'em" est le royaume du bluff et de la prise de risque, où la psychologie l'emporte souvent sur la rationalité. Ce sont les cartes qui font le spectacle et la dramaturgie, surtout lorsque le croupier retourne la dernière carte ("the river"), qui peut totalement changer le cours du jeu.
"Le poker fait désormais partie de notre développement et permet aussi de moderniser l'ensemble des métiers, explique Philippe Pouillard, directeur des jeux de table du groupe. C'est une formidable opportunité, car le poker attire une clientèle plus jeune, qui découvre le casino comme un véritable lieu de loisirs", poursuit-il.
Le casino de Deauville a été le premier à organiser un tournoi de poker, le 27 octobre. Un succès qu'il compte renouveler du 14 au 18 novembre avec un tournoi international de "hold'em no limit", doté d'un prix de 1 million d'euros. Une bonne affaire pour le casino, qui prélève 4 % sur les droits d'inscription de chaque tournoi. D'ici à la fin 2008, le groupe compte organiser plus de 15 000 parties à travers 700 tournois hebdomadaires régionaux et 12 internationaux.
Depuis août, 58 casinos ont obtenu l'autorisation pour ouvrir des tables de poker, et la concurrence est de plus en plus rude. Ces autorisations ont été une petite bouffée d'oxygène pour la plupart de ces établissements, qui, avec l'introduction des contrôles d'identité à l'entrée depuis novembre 2006, ont vu leur fréquentation baisser.
Les casinotiers attendent avec impatience la décision du gouvernement français sur la libéralisation des jeux en ligne dans l'Hexagone (notamment le poker hébergé sur des sites Internet étrangers). Le groupe Barrière prépare depuis plusieurs mois son propre site de jeux en ligne, centré sur les grands classiques des jeux de casino, dont le poker. Le projet, baptisé Barrière Interactive Gaming (BIG), est élaboré conjointement avec le producteur de jeux vidéo MKO Games (un partenariat de Mk2 et d'Onyx Films).
Considéré il y a encore peu de temps comme un jeu sulfureux, le poker a aussi fait une entrée en force à la télévision. Canal+, Paris Première, RTL 9, Eurosport, Direct 8 proposent maintenant régulièrement des retransmissions de tournois plus ou moins prestigieux. "Cet engouement s'explique par la simplicité des règles du poker, compréhensibles par tous, et particulièrement celles du "Texas hold'em", une des variantes les plus spectaculaires de ce jeu utilisées en tournoi", explique Bruno Fitoussi, architecte de formation converti au poker et qui est devenu un des meilleurs joueurs européens en finissant, cette année, deuxième à un des plus prestigieux tournois de Las Vegas.
Source le monde.fr le 15/11/2007