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Mieux vaut le poker entre amis que le Web

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(@edito)
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Mieux vaut le poker entre amis que le Web !

Les jeunes Québécois, comme bien d'autres jeunes en Amérique du Nord, manifestent un intérêt appréciable envers les tournois de poker, notamment le jeu appelé Texas Hold'em.

Cela s'explique facilement. La télévision présente les finalistes comme des joueurs exceptionnellement doués qui ont des nerfs d'acier. En réalité, les résultats du Texas Hold'em restent surtout déterminés par le hasard. La frime des joueurs est un spectacle sans incidence, particulièrement prédominante sur le choix des finalistes.

On peut comprendre l'intérêt des jeunes à vouloir prouver leur valeur, lors d'une épreuve aussi amusante. Bien encadrée par des personnes capables de promouvoir des idées exactes sur les jeux de hasard, cette activité peut être une occasion de se mesurer amicalement et d'apprendre sur les pièges psychologiques des jeux. La dérive survient lorsque des individus en viennent à développer l'illusion que leurs victoires seraient systématiquement la conséquence de leur habileté personnelle... et qu'ils perdent de l'argent en n'augmentant pas les montants pariés.

Le vrai danger

Le poker, entre amis, ne doit certainement pas conduire à une glorification du poker sur Internet. Les jeux sur Internet englobent tous les éléments pathogènes (dangereux) des jeux disponibles, notamment le poker, sur les appareils de loterie vidéo. Ces jeux sollicitent fondamentalement les mêmes processus mentaux fautifs, sauf que les joueurs se trouvent encore plus isolés dans leur domicile. Après la loterie vidéo, le pari sur Internet est la modalité de jeu qui suscite actuellement le plus d'appréhension chez les scientifiques.

Si les problèmes sur Internet ne sont pas encore trop apparents, c'est parce qu'il y a peu de joueurs. Cette situation changera dès que le nombre de joueurs augmentera.

Les Québécois attirés

À cet égard, l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, réalisée par Statistique Canada en 2002, a permis d'évaluer qu'il y avait, cette année-là, environ 312 000 adultes canadiens qui ont eu la curiosité de parier sur Internet. C'est à peine un peu plus que 1 % de la population adulte. De ce nombre, 49 % étaient des Québécois, dont 70 % avaient moins de 25 ans. Il y a cinq fois plus de jeunes Québécois (11,3 %) qui parient sur Internet qu'ailleurs au Canada (2,3 %). Les trois quarts d'entre eux n'y ont cependant pas adopté une fréquence de jeu régulière.

Selon cette enquête, entre 2 % et 3 % des Canadiens de moins de 25 ans ont des comportements à risque de développer des problèmes de jeu. Mais, si on ne considère que les jeunes qui parient sur Internet, cette proportion se situe entre 7 % et 30 %. C'est révélateur d'une grande dangerosité.

Dans une perspective de jeu sécuritaire, les joueurs doivent être mis en garde à l'égard des caractéristiques pathogènes des jeux. Il est dangereux de se croire immunisé contre le jeu pathologique simplement parce qu'on estime avoir une personnalité forte ou immunisée. Loin d'être des faibles ou des junkies, les joueurs pathologiques s'avèrent souvent être des personnes intelligentes, très rationnelles. La personnalité a un rôle à jouer dans le choix d'un jeu plutôt qu'un autre.

Pas moi, voyons !

Par contre, une fois que ce choix a été fait, les variables de personnalité prédisent peu ou pas qui développera un problème de jeu. Ce sont les caractéristiques des jeux (le taux de récompense, la vitesse, les stimuli), et surtout les événements gagnants, qui nous renseignent. Le témoignage des joueurs révèle aussi qu'un optimisme irréaliste contre le danger de devenir joueur pathologique est une première étape du processus pathogène.

Considérant les lieux où les serveurs sont situés et l'anonymat des exploitants, l'intégrité des casinos virtuels est l'objet de sérieuses appréhensions exprimées par les scientifiques de la santé. Il importe alors de rappeler une étude récente de l'équipe de Robert Ladouceur qui a démontré que les sites de jeu sur Internet font davantage gagner les joueurs lors de la période d'essai gratuite, et que le taux de remise effectif diminue dès que la personne commence à miser de l'argent. Cet environnement de jeu est trompeur.

Sans équivoque, les populations favorables au pari sur Internet se trouveront vite à payer pour les problèmes de jeu de leurs citoyens, alors que les profits se seront évadés dans des juridictions à l'abri de l'impôt. Jouez plutôt entre amis.

Jean Leblond, Ph.D. (psychologie)
Québec source cyberpress.ca
16 janvier 2007


   
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