Responsable, jusqu’en 2008 d’un établissement privé quelque part sur le front de mer, Michel M. a tout connu des lames de fond qui ont peu à peu bouleversé le paysage des casinos en dur hexagonaux durant ces vingt dernières années. Pour lui, l’industrie des jeux sous cette forme est appelée à une lente asphyxie. Du moins sur le territoire français. En cause, les innombrables prélèvements que l’État n’a cessé d’augmenter sur les jeux de tables et les machines à sous. Pour Casinos Jackpots, il lève un voile sur l’envers du décor. Et reviens sur quelques aspects surprenants de cet univers bien plus sécurisé qu’on ne pourrait le croire à priori.
« Lorsque j’ai débuté cette activité, explique-t-il le monde des casinos, était déjà en pleine transformation avec l’arrivée des machines à sous. J’ai toujours réussi à bien gérer mon affaire, mais je dois dire qu’au fil des ans, c’est devenu de plus en plus compliqué. Il faut savoir que cette activité est extrêmement encadrée. Nous sommes devenus petit à petit, nous les patrons de casino, de véritables percepteurs au service de l’état. »
Chaque mois, un fonctionnaire du fisc vient à demeure vérifier les recettes. Un policier de la brigade des jeux est présent pour contrôler les fraudes éventuelles. Pas moyen de prendre deux semaines de vacances, sans avoir au préalable formulé une demande d’autorisation par écrit. C’est la loi: les casinotiers sont personnellement responsables au plan pénal de leur établissement.
Chaque jour, les tables et les cylindres des roulettes sont méticuleusement inspectées avant usage. Le chargement en jeton des machines à sous ne peut se faire qu’en présence de plusieurs témoins signant un procès verbal adéquat.
Il y a des caméras partout, relié à un système informatique central, auxquels les machines à sous sont également interconnectées : aucune anomalie de gains ne peut se faire sans être immédiatement détectée et analysée en temps réel. Un casino, c’est Big Brother.
Couplé à l’objectif d’une caméra, un tracker permet de suivre jusqu’aux plus petites variations d’une boule dans le cylindre. Et de déceler le moindre mouvement de freinage suspect sur l’aileton, d’un croupier mal intentionné. La triche organisée est ainsi rapidement battue en brèche.
La fraude est donc loin d’être le principal soucis d’un patron de casino, résume Michel M, mais bien d’innombrables lois et amendements successifs de l’État (parfois subrepticement votées à 4 heures du matin) en faveur de multiples prélèvements. Ce qui a tout simplement contribué à faire émigrer notre clientèle de gros joueurs (ceux qui s’appelaient autrefois Peugeot ou Renault ou notre clientèle de brokers) à Londres.
Par voie de conséquence, nos gains proviennent majoritairement des machines à sous et d’une clientèle familiale qui dépense entre 200 et 1000 € par sortie. Cela a eu pour effet de réduire considérablement nos marges.
Même le groupe Partouche dont son P.D.G. disait de l’économie mondiale « qu’elle ferait bien de s’inspirer de la gestion des casinos » à frôlé le dépôt de bilan en 2013. Aujourd’hui à Cannes le dépôt de garantie minimum pour obtenir le statut de client invité (le restaurant et l’aller retour en avion lui sont offerts) n’est plus comme jadis à 1 million de Francs, mais à 100.000 €. Ce qui en dit long sur la désaffection de la clientèle.
Les utilisateurs des machines à sous sont du reste extrêmement superstitieux. Les gens reviennent systématiquement sur la même machine qui les a fait gagner une première fois.
Erreur fatale! Nos bandits manchots ont des taux de réversion variables (de 85 % à 98 %), mais réglés une fois pour toutes, tous les six mois. Logiquement, une machine réglée à 95 % reversera 9500 € si elle est chargée à 10.000. Bien entendu, selon un nombre de fois aléatoire, mais qui sera pris en compte sur la durée. Statistiquement, une machine qui a fait gagner un premier jackpot aura donc beaucoup moins de probabilité d’en faire gagner un deuxième.
À moins… — C’est un bon truc à savoir, dévoilé ici en exclusivité pour les lecteurs de Casinos Jackpots — qu’un orage important génère une panne de courant sur l’ensemble du système électrique. Le bug informatique qui en découle constitue de fait la véritable hantise de tous les patrons de Casino.
Les données informatiques se remettent automatiquement à zéro et annulent le comptage de tous les gains précédents. Si vous jouez juste après cette panne, vous aurez, c’est mathématique, infiniment plus de chance de toucher le gros lot.